l'encre et la plume...

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Au Palais de ma Mémoire

 

Errer dans les couloirs du Palais de ma Mémoire, les passages étroits ombrés de tristesse, les déserts secs et brûlants, sentes tortueuses, les allées bien tracées courbes et fulgurantes, les passages tapissés de soie et de cris ardents, les traverses à peine éclairées, les galeries illuminées de flambeaux et girandoles, errer toujours dans les cavernes à  l'écho interminable, les dédales d'aveux tardifs ...

Et autant de personnages croisés, de figures souriantes, de Janus troubles aux deux visages, de héros sans panache, d'âmes blessées et  en souffrance, de masques souriants, de visages clairs et pénétrants, d'ombres protectrices, de personnages fascinants et inquiétants, jeunes ou vieux, notables ou matadors, haineux, jaloux ou charitables, d'êtres charmants et frivoles, de comédiens tragiques, de marionnettes pathétiques, de créatures flamboyantes, de courtisanes généreuses, de rois d'un soir, de mortels toujours, émouvants, irritants ou drôles....

Dans les hautes cheminées de ce palais, j'en ai brûlé des lettres ! .... des discours vaseux, des confessions impudiques, des mots trop courts et des missives trop longues, des verbes joueurs et menteurs, des photos ressuscitées, des témoignages étonnants, des fausses confidences.....

J'en ai froissé des discours emphatiques!.... des déclarations sur l'honneur, des professions de foi, des actes de candidature, des avis de passage, des factures trop lourdes, des convocations urgentes, des sommations sans appel, des notes de frais, des dépositions douteuses, des pièces à conviction, des copies d'originaux, des constats d'adultère, des contraventions injustes et des réquisitoires injustifiés .....

Combien de parfums ai-je évoqués ! .... exhumés d'un coffret de toilette, d'un lainage vaporeux, d'une chaude fourrure aimée, de draps bavards et malmenés, de nuques blondes et bronzées, d'alcools porteurs d'oublis.....des traces encore goûteuses jusque dans ma bouche, à l'heure où les fumets, les arômes et les bouquets sont depuis bien longtemps disparus....

A ces fenêtres je me suis penchée si souvent le front soucieux et le regard perdu aux frontières d'une ride, pour tenter d'apercevoir des amours furtives, des silhouettes aimées, des serments évaporés, et dans la crainte fiévreuse de voir surgir une autre Vérité, dressée comme une épitaphe, un tombeau implacable, une stèle au dessus de mes souvenirs, si beaux endormis, éperdus et brisés par la confrontation impitoyable  ....

Pour toujours sur leur lit de poussière et dans la grâce de l'oubli, je les laisse à leur sommeil, il pleut à voix basse et je ferme doucement le vantail des portes du Palais de ma Mémoire....

 

Béatrix Bouillon    09/03/2017



09/03/2017
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