l'encre et la plume...

Johnny…..

Johnny fait partie de la famille, voilà !

Je parle au présent, consciente que l’homme, l’artiste ne nous quittera pas.

J’ai détesté les bagouses à tête de mort, les chaînes d'argent en masse, la voix même…. Trop forte, trop hurlée… je cherchais la fêlure dans le regard, l’émotion…. c’est un pro du grand spectacle, il n’est pas là pour faire dans la dentelle et la larme à l’oeil...

Seulement voilà j’ai aimé la générosité, cette innocence d’éternel jeune homme, cette rock'n roll attitude, cette dérision désespérée, un éclair dans ses yeux bleus…et c’est avec une sorte de tendresse que j’associe ces qualificatifs à Jean d’Ormesson.

Il n’y a pas une vérité chez lui, il y’en a mille, parce qu’il a mille ans, comme le malheur de tous les enfants écharpés par la vie, comme toutes ces énormes vagues qui se fracassent contre les rochers… Ses spectacles sont à l’image de ces lames de fond qui explosent sur les écueils, et qui masquent ses blessures et sa solitude. Cette solitude dont un roadie qui l’a suivi quelques années, m’a parlé il y’a un moment déjà… de sa générosité et sa mémoire du coeur aussi. Tous les ans, quelque fut l’importance de l’événement, ce roadie a reçu une invitation V.I.P pour l’anniversaire de Johnny, et il se marrait en passant allègrement, carton brandi, avec son tacot devant les limousines qui attendaient leur tour… lui le simple machino.

Quel artiste fait ça ?

C’est classe...et j’oublie illico les bijoux lourdingues et les paillettes.

Johnny ignore la mesquinerie, il ne sait pas ce que c’est, c’est ça son élégance.

Et ça ne s’apprend pas.

En même temps c’est l’enfant terrible de la famille, le pote, le père, l’amant, le frère, le maître. C’est un enfant et un homme.

C’est un Phare, une Idole bizarre avec ses brèches, ses failles, ses erreurs, ses excès terribles et ruineux. On l’engueule mentalement mais on lui pardonne, on l’envie mais on lui sourit. Il a une monture fougueuse, c’est la musique. Il casse tout mais voilà .....c’est Johnny !

Justement qui est Johnny ?

C’est là où c’est magique… parce que personne au fond ne le sait vraiment...ses blessures insondables sont inconsolables, son armure et son masque sont lumières, paillettes et projecteurs. Il n’y a pas mensonge, son public le sait, le sent. Tout est saturé et ça explose. Forcément.

C’est quand même épidermique le truc, là ça rigole pas !

Il est en transes ou presque, il se jette à corps perdu sur SA scène...et il est timide !

Il déteste parler de lui, je le vois bien lors des interviews, ça l’emmerde, ça le saoule, c’est toujours les mêmes questions, les mêmes réponses qui franchement n’ont aucun intérêt. Alors ? Pourquoi cet amour, cette chaleur, cette fusion avec ses fans, le public, la France ?

On lui vole sa vie privée, il s’énerve, il se tue et ressuscite mais il a besoin de son public, il le dit, il le crie même, et le public a besoin de son héros, ce héros qui lui ressemble en plus beau, en plus rutilant, en plus casse-cou. Bref, il est populaire, il est touchant. Il n’y a pas de filtre, c’est brut et en même temps tout le monde comprend les codes : c’est pour de faux le costume, mais la chanson est vraie... ou le contraire..... De toutes façons à ce stade on s’en fout, les fans sont éblouis.

Aujourd’hui je suis fascinée par la ferveur populaire qui va le porter jusqu’au bout. Cette foule sans mesure, colossale, qui va le suivre va dévorer son propre chagrin, le transcender.

Parce que ça c’est vrai, c’est authentique, ça va au-delà des querelles, des interrogations, c’est de l’Amour. Et l’Amour ne s’explique pas.

C’est un coup de foudre qui dure, qui dure, et qui durera. C’est un phénomène. Une rareté.

Ce n’est pas raisonnable, mais rien n’est raisonnable chez Johnny, tout est Immense.

Je dédie humblement ces quelques mots à sa famille, à tous ceux qui l’aiment.

Béatrix Bouillon ( 7/12/17 )